Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Corrigé de la composition sur le CEVA
Article mis en ligne le 27 octobre 2018

par jbouffand

LE CONTEXTE DU PROJET

Le CEVA tente de répondre à de nombreux enjeux touchant à la fois le territoire français et suisse.

Le cadre du CEVA : la métropole genevoise

Tout d’abord, Genève est une agglomération transfrontalière. L’espace urbain genevois s’étend de part et d’autre de la frontière franco-suisse, d’Annemasse à Ferney-Voltaire en passant par le centre de Genève.
Genève est un pôle très attractif qui rayonne bien au delà des frontières suisses. C’est le principal pôle d’emploi de la région. On trouve dans la seule commune de Genève plus de 10 000 emplois/km², soit 173 000 emplois au total. Genève se trouve très loin devant toutes les autres villes de la région, qu’elles soient françaises (Annecy, 990 emplois/km²) ou suisses (Lausanne, 2850 emplois/km²).
Cette concentration d’emplois attire des travailleurs venus d’au-delà de la frontière franco-suisse. Dans les communes frontalières du Pays de Gex, du Genevois français ou du Chablais, plus de 30% des actifs travaillent à Genève en moyenne. Ce chiffre dépasse 40% dans des communes comme Douvaine, Annemasse ou Saint-Julien en Genevois. Plus de 100 000 frontaliers travaillent dans le canton de Genève, dont 32 000 dans la seule commune de Genève. Les frontaliers représentent le tiers de la population active du canton.

Un réseau de transport saturé

La métropole genevoise est cependant victime de son attractivité car ses infrastructures de transport ne sont plus adaptées à la situation actuelle. Les déplacements se font principalement en voiture car Genève ne dispose pas de transports collectifs urbains suffisamment développés. On y trouve juste des tramways et des bus. Les bouchons y sont comparables à ceux de métropoles comme New-York ou Naples. Genève est classée au 54e rang des métropoles les plus embouteillées, alors qu’elle est une ville de taille plutôt modeste. Sur le Pont du Mont-Blanc, au coeur de Genève, passent chaque jour plus de 70 000 véhicules, tandis que la douane de Bardonnex, principal point d’entrée des frontaliers, voit passer quotidiennement 55 000 véhicules.


UN PROJET POUR REAMENAGER LA METROPOLE GENEVOISE

Qu’est-ce que le CEVA ?

Le CEVA est un projet de RER transfrontalier complétant le réseau ferroviaire régional. Il s’agit de relier la gare de Cornavin à celle d’Annemasse en créant une nouvelle voie ferrée de 16 km, doit 14 en territoire suisse, connectant ainsi les réseaux ferroviaires suisses et haut-savoyards. Ce projet s’accompagne de la construction ou de la rénovation d’une demi-douzaine de gares dans l’agglomération genevoise.

Le CEVA doit s’accompagner de multiples aménagements qui vont transformer les espaces urbains qu’il traverse. Autour de chaque gare, la construction de logements, de bureaux et d’espaces commerciaux sont prévus. Par exemple, près de la gare des Eaux-Vives, un nouveau quartier se construit, où se situera la nouvelle Comédie de Genève. De nouveaux axes de transports collectifs (lignes de tramway, bus à haut niveau de service) seront connectés aux nouvelles gares. Une piste cyclable entre Annemasse et les Eaux-Vives est même construite sur la tranchée couverte du CEVA.

Le CEVA doit desservir les quartiers les plus dynamiques de l’agglomération genevoise. Les principales gares du CEVA desserviront Genève (plus de 10 000 emplois/km²) et Carouge (plus de 5000 emplois/km²).

Les acteurs et le financement du projet

La réalisation du projet implique des acteurs institutionnels très variés. Du côté suisse, il s’agit de la Confédération, du canton de Genève et des communes concernées par le projet.
Du côté français, il s’agit d’abord de la région Auvergne-Rhône-Alpes, compétente en matière de transport ferroviaire, et du département de la Haute-Savoie, qui a la responsabilité du transport routier interurbain et des aménagements routiers. Ils assument à eux seuls près de la moitié de la partie française du financement. On trouve également des EPCI : communautés d’agglomération (Annemasse Agglo) et des communautés de communes (SIAC, CC du pays rochois, CC Arve et Salève,...). Enfin la SNCF côté français et les CFF côté suisse auront la charge de gérer la nouvelle infrastructure.

A l’échelle de l’agglomération genevoise, une coopération transfrontalière émerge dans le cadre du Grand Genève. Au sein du Groupement Local de Coopération Transfrontalière, des élus français et suisses développent des projets d’aménagement commun de cette métropole transfrontalière, comme par exemple le CEVA ou le futur tramway Genève-Annemasse.


DIFFICULTES ET CONTESTATIONS DU PROJET CEVA

Des opposants qui ne désarment pas

Dès le départ, un partie de la population et des partis politiques genevois se sont opposés au projet pour de multiples raisons. Bien qu’ils n’aient pas pu empêcher la réalisation du CEVA, les opposants ont lutté jusqu’au bout puisque les derniers recours auprès du tribunal fédéral datent de 2017. Les opposants dénoncent principalement les nuisances sonores du chantier et celles que causera la mise en service du CEVA, qui risquent de faire baisser la valeur immobilière des logements impactés.

Le problème des liaisons avec le réseau ferroviaire français

L’efficacité du CEVA est conditionnée par l’existence d’un réseau de transport ferroviaire performant de chaque côtés de la frontière. Or, les voies ferrées haut-savoyardes posent problème. En effet, elles n’ont connu aucun investissement d’envergure depuis quarante ans. L’absence quasi-totale d’une deuxième voie de circulation, limite fortement le cadencement des trains. La tendance est d’ailleurs depuis plusieurs décennies à la baisse du nombre de liaisons ferroviaires en Haute-Savoie, où seul 1% des déplacements quotidiens se font en train.

Les difficultés du chantier

La réalisation du projet se heurte également à des difficultés pratiques. Par exemple, des problèmes géologiques sur le chantier du tunnel de Champel ont d’ores et déjà causé un retard de près de deux ans sur le calendrier prévisionnel. Ces difficultés ont amené un dépassement important du coût prévisionnel du chantier. Prévu pour coûter 1,5 milliards de CHF, le CEVA coûtera officiellement 60 millions d’euros de plus. Cependant des estimations plus pessimistes provenant des opposants au projet annoncent un dépassement de plus de 30 % du devis initial.