- Média
Tout moyen de diffusion de l’information auprès d’un vaste public. Le support peut être varié : presse écrite, radio, télévision, Internet.
- Opinion publique
Ce que pensent les citoyens d’un fait d’actualité à un moment donné. Pour qu’il y ait opinion publique, il faut nécessairement que cette opinion soit diffusée et connue pour qu’elle soit partagée par une partie des citoyens : c’est le rôle des médias.
On parle toujours de l’opinion publique au singulier, même lorsqu’elle est divisée.
Un jeu d’influence complexe existe entre médias et opinion publique. D’un côté, les médias sont les véhicules privilégiés de l’opinion publique. Dans une démocratie, leur diversité est la garantie pour les citoyens de pouvoir s’informer auprès de sources contradictoires. L’existence de médias indépendants est une nécessité démocratique pour que les citoyens puissent accomplir leur devoir politique en étant informés des enjeux du moment. D’un autre côté, les médias sont souvent tributaires de leur auditoire qui garantit leur viabilité économique. Ils publieront donc des articles susceptibles de correspondre à l’opinion de leurs lecteurs, en particulier dans le cas de la presse d’opinion.
Le pouvoir politique, même dans une démocratie, s’efforce toujours d’exercer un certain contrôle sur les médias et l’opinion publique. Il peut s’agir au minimum d’éviter la diffusion de fausses informations, de lutter contre la diffamation, etc. Il peut s’agir aussi de diffuser de la propagande, pendant la Deuxième Guerre Mondiale par exemple. Les crises politiques étudiées pendant le chapitre montrent que le pouvoir politique en France, même sous un gouvernement démocratique, a parfois exercé un contrôle serré de certains médias, dans le but de s’assurer un contrôle indirect de l’opinion publique.
Problématique : en France depuis l’Affaire Dreyfus, comment les grandes crises politiques révèlent-elles la complexité des relations entre les médias, l’opinion publique et l’Etat dans un régime démocratique, entre respect de la liberté de la presse, défense de l’ordre républicain et tentations de contrôle de la part des autorités publiques ?
L’Affaire Dreyfus, première grande crise politique médiatisée dans une France démocratique
Quelques dates :
– 1881 : loi sur la liberté de la presse
– 1894 : condamnation du capitaine Dreyfus pour trahison
– 13 jan. 1898 : publication de "J’accuse", de Zola, par le journal L’Aurore
– 1899 : deuxième procès de Dreyfus et grâce présidentielle
– 1906 : la Cour de Cassation annule les condamnations précédente et reconnaît l’innocence de Dreyfus
Quelques journaux :
– Journaux à grand tirage : Le Matin, le Petit Journal,...
– Presse d’opinion : l’Humanité (gauche), La Croix (catholique), La Lanterne (anticlérical), La Libre Parole (antisémite)...
– Journaux dreyfusard : l’Aurore, l’Avenir de Rennes,
– Journaux antidreyfusard : la Croix, La Libre Parole
Quelques personnages :
– Dreyfusards : Zola, Clemenceau, Jaurès
– Antidreyfusards : Drumont, Barrès, Maurras, Déroulède
L’âge d’or de la presse en France
La presse est alors le seul média de masse en France. Grâce à la loi sur la liberté de la presse et aux différents progrès techniques, le nombre de journaux explose, leur tirage augmente et leur prix diminue. Avec l’alphabétisation croissante de la population (lois scolaires de Ferry), le nombre de lecteurs potentiels augmente régulièrement.
Le rôle majeur de la presse dans le déclenchement et le déroulement de la crise
C’est la presse qui déclenche l’Affaire avec l’article de Zola "J’Accuse". C’est aussi par la voie de la presse que le débat est mené entre les dreyfusards et les antidreyfusards. Il faut montrer comment la presse peut influencer l’opinion publique ("J’accuse" de Zola) et inversement, comment les journaux sont dépendant économiquement de leur lectorat (exemple du Figaro qui cesse de publier les articles dreyfusard de Zola). Enfin, il faut aussi mettre en évidence que la presse française manque de déontologie à cette époque (publication d’informations fausses ou déformées), ce qui va aboutir après coup à la création des premières écoles de journalisme.
Médias et opinion publique sous une dictature : l’Occupation et le régime de Vichy
Quelques dates :
– Années 20 et 30 : développement de la radio
– 1939 : début de la Deuxième Guerre Mondiale
– 1940 : défaite française, début de l’occupation allemande, naissance du régime de Vichy et début de la Collaboration
– 1944 : libération du pays
Quelques radios
– Radiodiffusion Française (Vichy), Radio-Paris (France occupée)
– BBC : radio britannique
La diversification du paysage médiatique avant la guerre : presse, radio et informations cinématographiques
La presse demeure le média le plus répandu, mais la radio et les actualités cinématographiques deviennent de plus en plus populaires. Si la presse et les actualités cinématographiques sont libres avant la guerre, la radio est dès le départ très contrôlée par l’Etat pour des raisons stratégiques.
La transformation des médias en outils de propagande
Il faut montrer que le régime dictatorial de Vichy souhaite contrôler les médias (presse, radio, actualités cinématographiques) dans le but d’exercer un contrôle sur l’opinion publique. Il faut également montrer que la radio, dont les ondes peuvent être brouillées mais non stoppées, devient un vecteur essentiel de propagande dans le cadre d’une véritable "guerre des ondes" entre la BBC et Radio-Paris (débats entre Philippe Henriot et Pierre Dac, par exemple).
Médias et opinion publique en Mai 68
– Les moins de 20 ans représentent 33% de la population française en 1968
– Effectifs universitaires :
- 50 000 étudiants en 1945
- 500 000 étudiants en 1968
Quelques dates :
– 1945 : début des Trente Glorieuses et du Baby-Boom
– 1958 : naissance de la Ve République
– mars 1968 : début de l’agitation étudiante à Paris
– 3 mai 1968 : début des événements dits de Mai 68
– 25 mai : apogée de la grève générale, 9 millions de grévistes
– 30 mai : discours de De Gaulle, dissolution de l’Assemblée nationale, déclin du mouvement
– mi-juin 1968 : fin des événements de Mai 68
- Radio périphérique
Radio dont les studios se trouvent généralement à Paris, mais dont les émetteurs se trouvent à l’étranger pour échapper au monopole de l’ORTF. Exemples en 1968 : RTL, Europe 1, RMC.
La Ve République : un régime démocratique mais qui contrôle étroitement les médias audiovisuels
La France gaullienne est un régime démocratique où l’Etat exerce un contrôle serré de certains médias (monopole de l’ORTF sur la radio et la télévision), et garde la presse à l’oeil (mesures ponctuelles d’interdiction de certaines publications). Le monopole de l’ORTF est cependant ébréché par l’existence de radios périphériques.
Le rejet du système politique et médiatique lors des événements de Mai 68
Lors des événements de Mai 68, le pouvoir politique utilise la radio et la télévision publique pour tenter d’influencer l’opinion publique. Une partie de cette opinion publique, les étudiants, dénoncent les médias traditionnels qu’ils considèrent comme trop inféodés au pouvoir politique et développent leur propre forme de communication (affiches de l’école des Beaux-Arts).
Les conséquences à long terme des événements de Mai 68 sur les médias
A moyen et long terme, les événements de Mai 68 contribuent à la libéralisation de l’audiovisuel en France.