Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l’Affaire Dreyfus
Article mis en ligne le 16 août 2018
dernière modification le 10 janvier 2024

par jbouffand
Média

Tout moyen de diffusion de l’information auprès d’un vaste public. Le support peut être varié : presse écrite, radio, télévision, Internet.

Opinion publique

Ce que pensent les citoyens d’un fait d’actualité à un moment donné. Pour qu’il y ait opinion publique, il faut nécessairement que cette opinion soit diffusée et connue pour qu’elle soit partagée par une partie des citoyens : c’est le rôle des médias.
On parle toujours de l’opinion publique au singulier, même lorsqu’elle est divisée.

Un jeu d’influence complexe existe entre médias et opinion publique. D’un côté, les médias sont les véhicules privilégiés de l’opinion publique. Dans une démocratie, leur diversité est la garantie pour les citoyens de pouvoir s’informer auprès de sources contradictoires. L’existence de médias indépendants est une nécessité démocratique pour que les citoyens puissent accomplir leur devoir politique en étant informés des enjeux du moment. D’un autre côté, les médias sont souvent tributaires de leur auditoire qui garantit leur viabilité économique. Ils publieront donc des articles susceptibles de correspondre à l’opinion de leurs lecteurs, en particulier dans le cas de la presse d’opinion.
Le pouvoir politique, même dans une démocratie, s’efforce toujours d’exercer un certain contrôle sur les médias et l’opinion publique. Il peut s’agir au minimum d’éviter la diffusion de fausses informations, de lutter contre la diffamation, etc. Il peut s’agir aussi de diffuser de la propagande, pendant la Deuxième Guerre Mondiale par exemple. Les crises politiques étudiées pendant le chapitre montrent que le pouvoir politique en France, même sous un gouvernement démocratique, a parfois exercé un contrôle serré de certains médias, dans le but de s’assurer un contrôle indirect de l’opinion publique.

Problématique : en France depuis l’Affaire Dreyfus, comment les grandes crises politiques révèlent-elles la complexité des relations entre les médias, l’opinion publique et l’Etat dans un régime démocratique, entre respect de la liberté de la presse, défense de l’ordre républicain et tentations de contrôle de la part des autorités publiques ?

L’Affaire Dreyfus, première grande crise politique médiatisée dans une France démocratique

A savoir :

Quelques dates :
 1881 : loi sur la liberté de la presse
 1894 : condamnation du capitaine Dreyfus pour trahison
 13 jan. 1898 : publication de "J’accuse", de Zola, par le journal L’Aurore
 1899 : deuxième procès de Dreyfus et grâce présidentielle
 1906 : la Cour de Cassation annule les condamnations précédente et reconnaît l’innocence de Dreyfus

Quelques journaux :
 Journaux à grand tirage : Le Matin, le Petit Journal,...
 Presse d’opinion : l’Humanité (gauche), La Croix (catholique), La Lanterne (anticlérical), La Libre Parole (antisémite)...
 Journaux dreyfusard : l’Aurore, l’Avenir de Rennes,
 Journaux antidreyfusard : la Croix, La Libre Parole

Quelques personnages :
 Dreyfusards : Zola, Clemenceau, Jaurès
 Antidreyfusards : Drumont, Barrès, Maurras, Déroulède

L’âge d’or de la presse en France

La presse est alors le seul média de masse en France. Grâce à la loi sur la liberté de la presse et aux différents progrès techniques, le nombre de journaux explose, leur tirage augmente et leur prix diminue. Avec l’alphabétisation croissante de la population (lois scolaires de Ferry), le nombre de lecteurs potentiels augmente régulièrement.

Le rôle majeur de la presse dans le déclenchement et le déroulement de la crise

C’est la presse qui déclenche l’Affaire avec l’article de Zola "J’Accuse". C’est aussi par la voie de la presse que le débat est mené entre les dreyfusards et les antidreyfusards. Il faut montrer comment la presse peut influencer l’opinion publique ("J’accuse" de Zola) et inversement, comment les journaux sont dépendant économiquement de leur lectorat (exemple du Figaro qui cesse de publier les articles dreyfusard de Zola). Enfin, il faut aussi mettre en évidence que la presse française manque de déontologie à cette époque (publication d’informations fausses ou déformées), ce qui va aboutir après coup à la création des premières écoles de journalisme.

Médias et opinion publique sous une dictature : l’Occupation et le régime de Vichy

A savoir :

Quelques dates :
 Années 20 et 30 : développement de la radio
 1939 : début de la Deuxième Guerre Mondiale
 1940 : défaite française, début de l’occupation allemande, naissance du régime de Vichy et début de la Collaboration
 1944 : libération du pays

Quelques radios
 Radiodiffusion Française (Vichy), Radio-Paris (France occupée)
 BBC : radio britannique

La diversification du paysage médiatique avant la guerre : presse, radio et informations cinématographiques

La presse demeure le média le plus répandu, mais la radio et les actualités cinématographiques deviennent de plus en plus populaires. Si la presse et les actualités cinématographiques sont libres avant la guerre, la radio est dès le départ très contrôlée par l’Etat pour des raisons stratégiques.

La transformation des médias en outils de propagande

Il faut montrer que le régime dictatorial de Vichy souhaite contrôler les médias (presse, radio, actualités cinématographiques) dans le but d’exercer un contrôle sur l’opinion publique. Il faut également montrer que la radio, dont les ondes peuvent être brouillées mais non stoppées, devient un vecteur essentiel de propagande dans le cadre d’une véritable "guerre des ondes" entre la BBC et Radio-Paris (débats entre Philippe Henriot et Pierre Dac, par exemple).

Médias et opinion publique en Mai 68

A savoir : Quelques chiffres :
 Les moins de 20 ans représentent 33% de la population française en 1968
 Effectifs universitaires :
  • 50 000 étudiants en 1945
  • 500 000 étudiants en 1968

Quelques dates :
 1945 : début des Trente Glorieuses et du Baby-Boom
 1958 : naissance de la Ve République
 mars 1968 : début de l’agitation étudiante à Paris
 3 mai 1968 : début des événements dits de Mai 68
 25 mai : apogée de la grève générale, 9 millions de grévistes
 30 mai : discours de De Gaulle, dissolution de l’Assemblée nationale, déclin du mouvement
 mi-juin 1968 : fin des événements de Mai 68

Radio périphérique

Radio dont les studios se trouvent généralement à Paris, mais dont les émetteurs se trouvent à l’étranger pour échapper au monopole de l’ORTF. Exemples en 1968 : RTL, Europe 1, RMC.

La Ve République : un régime démocratique mais qui contrôle étroitement les médias audiovisuels

La France gaullienne est un régime démocratique où l’Etat exerce un contrôle serré de certains médias (monopole de l’ORTF sur la radio et la télévision), et garde la presse à l’oeil (mesures ponctuelles d’interdiction de certaines publications). Le monopole de l’ORTF est cependant ébréché par l’existence de radios périphériques.

Le rejet du système politique et médiatique lors des événements de Mai 68

Lors des événements de Mai 68, le pouvoir politique utilise la radio et la télévision publique pour tenter d’influencer l’opinion publique. Une partie de cette opinion publique, les étudiants, dénoncent les médias traditionnels qu’ils considèrent comme trop inféodés au pouvoir politique et développent leur propre forme de communication (affiches de l’école des Beaux-Arts).

Les conséquences à long terme des événements de Mai 68 sur les médias

A moyen et long terme, les événements de Mai 68 contribuent à la libéralisation de l’audiovisuel en France.