Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Nasser et le panarabisme

D’après l’exposé de Anne-Eva, Noah et Isabelle

Article mis en ligne le 5 avril 2019
dernière modification le 30 mars 2020

par jbouffand

Le panarabisme est un courant du 19ème siècle mais qui s’affirme durant le 20ème siècle, et dont le but était de former un Etat national pour la communauté arabe.

Au début du 20ème siècle, les populations arabes deviennent de plus en plus hostile aux puissances coloniales comme le Royaume Uni et la France, car elles ont abandonnés leurs promesses consistant à soutenir la création d’un Etat Arabe indépendant. En effet, en 1919 lors de la conférence de Paix, la population arabe se voit refuser l’accès à un état indépendant et suite à la déclaration Balfour en 1917, la Palestine (appartenant aux britanniques) se retrouve ouverte à la colonisation juive ce qui suscite ainsi la colère du monde arabe et entraîne entre 1919 et 1920 l’insurrection en Egypte, les émeutes en Palestine et des révoltes en Iraq.
Il se fait ressentir de plus en plus un désir d’obtenir l’indépendance parmi la communauté arabe menant ainsi à la création de la ligue arabe. (1ère tentative d’union mais elle représente surtout la volonté des Britanniques cherchant à regagner la confiance des états Arabe)
En 1945, la constitution de la Ligue des Etats Arabe permet à Londres d’ancrer sa domination dans le proche orient. La Ligue comprend l’Egypte, l’Arabie Saoudite, l’Iraq, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du Nord qui visent tous, à affirmer l’unité de nation arabe ainsi que l’indépendance de chacun d’entre eux. Et en 1947 se créé le Parti "Baath" (signifiant "la résurrection" et étant un parti socialiste arabe)
De plus en 1949 l’Etat d’Israël est proclamé sur une partie de la Palestine entraînant ainsi la contestation des Etats arabes voisins et leur intervention lorsqu’ils envahissent l’ancienne Palestine avec leur armées.

Mais la réussite du panarabisme débute sans doute avec le coup d’état des officiers libres en Egypte en 1952. Organisation créée par Nasser suite à la première guerre Israelo-arabe en 1948, qui avait pour but d’abolir la monarchie et d’expulser hors du pays la domination britannique. Deux ans après le coup d’état, en 1954 Nasser est élu président au pouvoir.
Il est animé par une volonté de moderniser le pays pour le rendre plus riche et par conséquent plus indépendant. Il mène alors des réformes agraires, développe l’industrie et veut dans la continuité de son idéologie affirmer son aigreur envers Israël.

Gamal Abdel Nasser en compagnie de Khrouchtchev sur le chantier du barrage d’Assouan, 1964
Source :
Wikimedia Commons

Mais la réalisation de cette volonté est fortement appuyée par une relation de plus en plus favorable avec l’URSS. En effet, pour renforcer son combat contre l’état Hébreu, après la destruction du quartier général égyptien à Gaza par ce dernier, Nasser reçoit de la part de Khrouchtchev des armes tchécoslovaques qui lui permettent de contourner les ordres de non utilisation contre Israël imposés par les Américains sur leurs armes. C’est aussi un moyen pour les soviétiques de manifester leur influence sur la région.
Par la suite, la modernisation de l’Egypte doit passer pour Nasser par la construction du barrage d’Assouan, sensé irriguer et électrifier le pays. Cependant les fonds promis par les occidentaux (50M par les Etats-Unis) sont refusés. Alors, pour répondre à ce refus, et pour trouver une autre source de fonds, Nasser décide en juillet 1956 de nationaliser la compagnie du canal de Suez dont les bénéfices serviront à la construction du barrage.
Cette annonce choque le monde et place Nasser dans une position soit d’idole (dans la région, c’est l’un des rares à tenir tête aux puissances coloniales) soit de tyran (en occident).
Toutefois, la nationalisation mène à la crise de suez : en effet, les britanniques et les français, les uns, principaux actionnaires de la compagnie du canal de suez, les autres détestant Nasser pour être le soutien du FLN lors de la guerre d’Algérie, décident de s’allier à Israël (qui a aussi des intérêts dans cette intervention : le canal de suez lui permettant d’assurer son transport maritime, il voit aussi une possibilité de renverser Nasser et une réponse aux persécutions qu’il subit depuis des années) pour intervenir militairement au canal.
C’est une défaite militaire pour Nasser, mais une grande victoire diplomatique : les Français et les Britanniques sont sanctionnés par l’ONU et mal vus par Washington car ils ont agi sans consultation préalable de leurs alliés, et sont même menacés d’une attaque nucléaire par l’URSS.
C’est une réussite pour l’Egypte, qui finira par construire le barrage d’Assouan, mis en service en 1973, avec l’aide économique de Khrouchtchev.

Enfin nous pouvons voir que la politique de Nasser se solde par des échecs, comme par exemple l’échec de la République Arabe Unie. En 1958, l’Egypte nassérienne se rallie au parti Baath syrien pour former la République Arabe Unie (RAU) alors que les deux états n’ont pas de frontières communes. Même si la RAU est un échec l’initiative de Nasser a fortement bouleversée la région.
Désireux de constituer une vaste fédération arabe pour faire pièce au pacte de Bagdad signé en 1955 entre la Grande Bretagne, la Turquie, l’Iraq, le Pakistan et l’Iran avec le soutien des Etats Unis, Nasser créé le 1er février 1958, la République arabe unie qui groupe l’Egypte et la Syrie et qui est élargi au Yémen, le 8 mars afin de former l’Etat arabe uni. Mais il rencontre des difficultés dans son entreprise panarabe : sécession au Yémen en 1959, de la Syrie en 1961, échec de l’Union tripartite d’avril 1963 entre la Syrie, l’Egypte et l’Iraq.

Il y a également eu la guerre des Six Jours, qui s’est déroulée du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et opposa Israël à l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban.
Cette guerre fut déclenchée comme une "attaque préventive" d’Israël contre ses voisins arabes, à la suite du blocus de détroit de Tiran aux navires israéliens par l’Egypte le 23 mai 1967.
En moins d’une semaine, l’Etat hébreu tripla son emprise territoriale : l’Egypte perdit la bande de Gaza et la péninsule de Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Enfin, il y a eu la guerre d’usure où Nasser comptait sur la poursuite de l’approvisionnement en armes par l’Union soviétique, et espère ainsi parer une contre-offensive massive israélienne, afin d’obliger en fin de compte Israël à évacuer le canal de Suez (juillet 1967 à août 1970).
En juillet 1970, Nasser accepte le plan de paix avec l’Etat hébreu que propose Washington et s’interpose entre Jordaniens et Palestiniens, alors en conflit. Il meurt le 28 septembre 1970 d’une crise cardiaque.

Pour conclure de 1952 à 1970, l’action de Nasser- premier authentique Égyptien à prendre la tête du pays depuis l’époque pharaonique - s’est identifié avec la révolution nationale, le départ définitif de l’occupant britannique, la réforme agraire, le développement de l’industrie, l’édification du grandiose barrage d’Assouan.
Mais malgré d’incontestables réussites, le bilan est plutôt médiocre : en 1970, les Soviétiques sont plus nombreux en Egypte que ne l’étaient les Anglais en 1954 ; la croissance économique est arretée depuis 1967, de nombreuses usines ont été détruites pendant la guerre des Six Jours.


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