Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Corrigé de l’étude de document sur le Blocus de Berlin vue en AP
Article mis en ligne le 3 décembre 2018

par jbouffand

Sujet :

Après la fin de la Deuxième guerre mondiale débute une période de tension entre les Etats-Unis et l’URSS, appelée la Guerre froide. L’Allemagne et Berlin constituent un enjeu majeur de cette rivalité.

Ce document est un article de journal de Maurice Duverger, intitulé "le siège de Berlin", paru dans le journal Le Monde le 29 juin 1948, lors des premiers jours du Blocus de Berlin (juin 1948- mai 1949). L’auteur décrit l’enjeu représenté par cette première crise de la Guerre froide, qui a commencé un an plus tôt.

Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale a été mise en place une "division de l’Allemagne" par les vainqueurs du régime nazi. L’Est de l’Allemagne fait partie de la zone d’occupation soviétique, tandis que les trois puissances occidentales (Etats-Unis, Royaume-Uni et France) occupent l’Allemagne de l’Ouest. "La géographie place Berlin en zone russe", elle est "entièrement enclavée dans leur zone" : symboliquement, l’ex-capitale de l’Allemagne nazie a été divisée en quatre secteurs occupés par chacune quatre puissances : Berlin-Est est occupé par les Soviétiques tandis que les Occidentaux occupent Berlin-Ouest. Lorsque le Blocus de Berlin débute, les Occidentaux se retrouvent dans une "position [...] intenable" : les Soviétiques coupent les "voies de communications" terrestres (autoroutes et voies ferrées) qui permettent de ravitailler Berlin-Ouest depuis les zones d’occupation américaines et britanniques. La situation de l’Allemagne et de Berlin est représentative de la situation de l’Europe pendant la Guerre froide : un "rideau de fer", comme le décrit Churchill en 1946, divise le continent. Berlin, où persiste une relative liberté de circulation entre les différents secteurs d’occupation, constitue le seul trou dans ce Rideau de Fer.

Maurice Duverger fait du Blocus de Berlin, première crise de la Guerre froide, un enjeu majeur de la lutte contre le "national-communisme" et la "soviétisation" de l’Allemagne et de l’Europe. La Guerre froide est en effet un conflit idéologique entre le bloc de l’Ouest, dirigé par les Etats-Unis, qui pratique le libéralisme politique et économique, et le bloc de l’Est, dirigé par l’URSS, pratiquant le communisme. Berlin est la ville où se rencontrent les deux systèmes, ce qui explique son importance symbolique dans ce conflit.
Bien qu’écrivant au début de la crise, Maurice Duverger fait preuve de clairvoyance en prévoyant son déroulement : "on peut faire confiance aux Américains, excités par le côté sportif et mécanique de l’affaire, pour ravitailler Berlin en dépit de tous les blocus". En effet, l’armée américaine va mettre en place un pont aérien pour ravitailler Berlin pendant les dix mois que durera le Blocus. Par ailleurs, contrairement à Churchill qui pronostique lugubrement "la guerre [ou] la capitulation", Maurice Duverger pense que le Blocus de Berlin "ne conservera pas très longtemps la forme aiguë qui est actuellement la sienne" et que "si les Occidentaux se refusent à quitter la place les Russes devront négocier avec eux, bon gré, mal gré, et aboutir à une entente." De fait, la Guerre froide sera une succession de crises où les deux blocs frôlent la guerre, et de périodes de négociations, voire de détentes, pendant lesquelles la tension retombera.

Après la fin du Blocus de Berlin, la ville conservera un statut de symbole de la Guerre froide. La chute du Mur de Berlin (construit en 1961) marquera la fin de ce conflit planétaire en 1989.