Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Article mis en ligne le 7 février 2020

par jbouffand

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Lorsqu’en 1201 les seigneurs du Nord de la France se préparent à partir en croisade pour reconquérir Jérusalem et la Terre Sainte, ils se retrouvent confrontés à la question de savoir comment « faire passer quatre mille chevaliers et leur harnachement et cent mille hommes à pied » en Orient. Ils préfèrent la voie maritime car la voie terrestre empruntée lors des trois premières croisades s’est révélée longue et dangereuse.

Robert de Clari, un chevalier qui a participé à cette Quatrième croisade, raconte vers 1216 dans son livre « La conquête de Constantinople » comment les chefs croisés ont envoyé des émissaires en Italie pour « louer des vaisseaux » auprès des cités maritimes italiennes. Mais les cités de Gênes et de Pise, situées au nord de l’Italie, déclinèrent l’offre des Croisés, au motif qu’elles « n’auraient pas suffisamment de vaisseaux ». Les messagers se rendirent alors à Venise, autre grande cité marchande du nord de l’Italie, située dans une lagune tout au nord de la mer Adriatique.

Le doge de Venise s’empressa de promettre « une flotte suffisante » pour l’armée croisée ainsi que « cinquante galères » supplémentaires pour porter « a moitié des combattants vénitiens » qui accompagneront la croisade. Venise en effet était au début du Moyen-Age une ville pauvre située sur un littoral marécageux. Pour survivre, les Vénitiens se sont lancés dans le commerce maritime, qui enrichit rapidement la cité vénitienne. Au XIIIe siècle, leurs navires fréquentent des ports, escales et comptoirs allant de Bruges et Londres jusqu’à Tana en mer Noire, via la Méditerranée. Les Vénitiens fréquentent particulièrement le littoral de l’empire byzantin et les ports des Etats latins d’Orient (Jaffa, Tyr, Sidon, Acre,...). L’Arsenal de Venise permet à cette dernière de posséder « la plus importante flotte qu’on eût jamais vu » à l’époque. Le doge ne se vante donc pas en promettant de transporter l’armée croisée « en quelque terre que vous voudrez ».

Mais les Croisés ne pourront jamais payer l’énorme somme de « quatre-vingt-sept mille marcs », soit environ vingt et une tonnes d’argent. Ils deviendront alors mercenaires au profit des Vénitiens, qui se serviront d’eux pour s’emparer des villes de Zara, puis de Constantinople.