Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Le conflit israélo-palestinien
Article mis en ligne le 1er avril 2019

par jbouffand

Le conflit israélo-palestinien désigne l’ensemble des tension, rivalités et affrontements entre la population juive, puis l’Etat d’Israël d’une part, les Palestiniens d’autre part. Le terme de Palestinien désigne la population arabe de la Palestine. La Palestine est au début du XXe siècle un territoire compris entre le Jourdain, le Liban, le Sinaï et la Méditerranée dans lequel le mouvement sioniste souhaite installer le "foyer national juif" promis par la Déclaration Balfour (1917). Sa superficie est très réduite : 27 000 km², soit un peu moins que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les contraintes du relief et de l’aridité y restreignent les espaces cultivables : le désert du Néguev représente le tiers de la superficie de la région.

Le contrôle des rares terres agricoles, et secondairement des ressources en eau pour l’irrigation et la consommation humaine, sont des éléments centraux du conflit israélo-palestinien. L’accélération de l’immigration juive à partir des années 1930 a donc exacerbée les tensions entre les immigrants juifs européens et la population palestinienne, mises en concurrence pour le contrôle foncier de la terre. Si, avant la Deuxième guerre mondiale, la dépossession terrienne des Palestiniens par la communauté juive prend l’aspect d’achats systématiques, elle revêt ensuite un tour plus brutal : destruction de villages arabes et expulsion des Palestiniens à la veille de la Première guerre israélo-arabe (1948, plan Dalet), colonisation systématique de la Cisjordanie depuis la fin de la guerre des Six Jours (1967). Parallèlement, depuis le début des années 50, Israël détourne massivement les eaux du Jourdain à partir du lac de Tibériade, réduisant le débit de ce fleuve. D’autre part, depuis l’occupation de la Cisjordanie, l’accès des Palestiniens de cette région à l’eau de la nappe phréatique est fortement limité, puisque près de 90% de cette eau est désormais destinée à satisfaire les besoins d’Israël.
Le conflit israélo-palestinien revêt également un aspect démographique essentiel. Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, la communauté juive représente moins du tiers de la population de Palestine. Dans le plan de partage de l’ONU, l’Etat juif aurait eu près de 50% de sa population d’origine arabe. Or la croissance démographique de cette communauté était alors supérieure à celle de la communauté juive. Le plan Dalet a donc pour but d’assurer, par le nettoyage ethnique, que le futur Etat d’Israël soit très majoritairement peuplé de Juifs, pour y garantir la domination politique de cette communauté. Aujourd’hui, les réfugiés palestiniens et leurs descendants représentent 6 millions de personnes, selon l’Autorité Palestinienne auxquels se rajoutent 4,5 millions de Palestiniens dans les Territoires Occupés et 1,5 millions en Israël, où ils représentent 20% de la population du pays, face à 6,5 millions de Juifs. Pour éviter une rupture démographique en faveur des Palestiniens, Israël s’oppose constamment depuis 1949 au retour sur son territoire des réfugiés palestiniens. La rivalité démographique se traduit également par une forte fécondité, supérieure à trois enfants/femme dans les deux communautés en Israël, ce qui est sans équivalent dans un pays développé. Par ailleurs, pour maintenir le rapport démographique entre les populations juives et palestiniennes, Israël encourage l’immigration des Juifs du monde entier (alya). Ce dynamisme démographique se traduit par une crise du logement chronique en Israël, ce qui sert au gouvernement israélien à justifier la construction de colonies en territoire palestinien.

Source : Journal La Croix

Le conflit israélo-palestinien relève également d’aspects géostratégiques. Israël est un Etat exigü, dont la largeur dépasse à peine 20km entre la Cisjordanie et la mer Méditerranée. Le contrôle de la Cisjordanie permet donc à Israël d’éloigner de ses centres urbains principaux (Tel Aviv, Haifa et Jérusalem) la menace que fait peser la Jordanie, qui a pris part à toutes les guerres israélo-arabes et avec qui Israël est resté en état de guerre jusqu’en 1994. Entre autre pour cette raison, Israël a développé des colonies en Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain et le long des principaux axes routiers, afin de s’assurer durablement le contrôle d’un espace stratégique pour lui.

Source : Journal La Croix

Enfin, la question de la création d’un Etat palestinien est un enjeu important du conflit israélo-palestinien. L’Etat arabe prévu par le plan de partage de la Palestine de 1947 n’a jamais vu le jour, car la Jordanie et l’Egypte se sont respectivement emparé de la Cisjordanie et de Gaza au lendemain de la victoire israélienne. Cependant, en 1988, alors que l’Egypte et la Jordanie ont renoncé à Gaza et à la Cisjordanie occupées par Israël, l’OLP proclame la naissance d’un Etat palestinien, reconnu au départ uniquement par les Etats de la Ligue Arabe. Pour mettre fin à la première Intifada (révolte populaire palestinienne dans les Territoires Occupés), Israël signe en 1994 les Accords d’Oslo qui prévoient la mise en place progressive d’une autonomie palestinienne. Bien que ces accords ne prévoient pas la constitution d’un Etat palestinien réellement indépendant, Israël ne les respecte pas et garde le contrôle militaire de la majeure partie de la Cisjordanie, alors que l’Autorité Palestinienne mise en place en 1996 ne contrôle vraiment qu’un espace fractionné. Parallèlement, Israël poursuit la construction d’un mur de sécurité tout autout des territoires palestiniens, qui déborde de ses frontières internationalement reconnues et annexe de fait de vastes portions de la Cisjordanie.