Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Les Kurdes
Article mis en ligne le 1er avril 2019

par jbouffand

Les Kurdes sont un peuple de 30 millions d’habitants, de langue indo-européenne, établis dans une région montagneuse à cheval entre la Turquie (40 à 50% des Kurdes), la Syrie (10%), l’Irak (20%) et l’Iran (20%). cette région est appelée le Kurdistan. Dans le cadre de l’empire ottoman, ils ont longtemps bénéficié d’une relative autonomie.
Au traité de Sèvres (1920) qui règle le sort de l’empire ottoman vaincu lors de la Première guerre mondiale, les puissances de l’Entente prévoient un Kurdistan indépendant sur le territoire de l’actuelle Turquie. Mais les victoires de Kemal Atatürk, fondateur de la république turque actuelle, empêchent cette réalisation (traité de Lausanne, 1923).

Depuis cette date, les Kurdes sont victimes des politiques centralisatrices des Etats où ils vivent, qui cherchent à réduire le particularisme de ce peuple. Des partis nationalistes kurdes se sont développés, qui se sont régulièrement opposés par les armes aux gouvernements turcs, irakiens ou encore iraniens. Le plus connu est le PKK en Turquie.

Le séparatisme kurde constitue une menace pour un pays comme l’Irak, dont les Kurdes représenteraient 20% de la population, et où l’armée ne parvient pas à écraser la rébellion kurde dans les années 60-70. L’Iran, principal adversaire de l’Irak, instrumentalise cette rébellion, qu’il soutient pour affaiblir le gouvernement de Saddam Hussein. Lorsque la rivalité entre ces deux pays dégénère en guerre (guerre Iran-Irak, 1980-1988), Saddam Hussein craint que les Kurdes ne collaborent avec l’Iran. Il confie la répression à son cousin Ali, dit "le Chimique" en raison de l’utilisation de gaz de combat pour mener à bien cette répression (massacre d’Halabja, mars 1988).

A la suite de la Guerre du Golfe (1990-1991), le Kurdistan irakien bénéficie de la protection aérienne des Etats-Unis dont le but est d’affaiblir ainsi Saddam Hussein, qui a conservé son pouvoir malgré la guerre. Sous la protection américaine, un Kurdistan irakien autonome se développe. Après l’invasion américaine de 2003, l’Irak devient un Etat fédéral dans lequel l’autonomie du Kurdistan est reconnue.

Depuis 1991, le Kurdistan irakien était devenu une base arrière pour les partis indépendantistes kurdes des pays voisins, en particulier le PKK de Turquie. En conséquence, des raids aériens et terrestres de l’armée turque ont eu lieu régulièrement au Kurdistan irakien pour y détruire les bases du PKK.

Source chronique d’instabilité au Moyen-Orient, le nationalisme kurde a également été un instrument majeur de lutte contre Daesh à partir de 2013 en Irak et en Syrie. Cependant, ce rôle important des Kurdes dans la lutte contre l’Etat islamique n’était pas du goût de tous les pays de la région, car il pouvait ensuite légitimer les aspirations indépendantistes des Kurdes. Ainsi, la longue passivité de la Turquie face à Daesh a pu être interprétée comme un calcul géopolitique, dans lequel le gouvernement d’Ankara aurait compté sur Daesh pour éliminer le nationalisme kude sur ses frontières syriennes et irakiennes.

En 2017, le Kurdistan irakien a mené un référendum sur l’indépendance où le oui a emporté plus de 90% des voix, ce qui a poussé la Turquie et l’Iran à adopter des sanctions économiques contre la région, tandis que le gouvernement de Bagdad en reprenait partiellement le contrôle par les armes.

Source : Journal Le Parisien