Histoire et Géographie
Le blog d’histoire-géographie de Jérôme Bouffand
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Les guerres israélo-arabes
Article mis en ligne le 1er avril 2019
dernière modification le 25 mars 2019

par jbouffand

Les guerres israélo-arabes désignent trois conflits opposant Israël et ses voisins :
 1948-49 : Première guerre israélo-arabe
 1967 : Guerre des Six Jours
 1973 : Guerre du Kippour
Dans l’intervalle entre ces conflits, les tensions demeurent fortent entre Israël et ses adversaires, et elles se manifestent par des escarmouches, des combats, des bombardements ou des interventions militaires de part et d’autre (expédition de Suez en 1956, par exemple).

Source : www.courrierinternational.com

La Première guerre israélo-arabe :
Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, la création d’un foyer national juif semble plus que jamais une nécessité après la destruction des Juifs d’Europe par les nazis. Le lieu choisi est le mandat britannique de Palestine, berceau historique du peuple juif, où depuis la fin du XIXe siècle le mouvement sioniste a organisé une immigration juive. Les Juifs représentent au lendemain de la guerre près du tiers de la population de Palestine. Les Arabes palestiniens, chrétiens et musulmans, souhaiteraient l’indépendance d’une Palestine multiconfessionnelle sur le modèle libanais, où leur nette prédominance numérique leur assurerait la domination politique. Mais leurs divisions politiques les empêchent de s’opposer efficacement à l’application du plan de partage de la Palestine voté par l’ONU en 1947, qui prévoit la création d’un Etat juif, d’un Etat arabe, et l’internationalisation de Jérusalem, revendiquée par les deux communautés. Si la communauté juive est favorable au principe du partage de la Palestine, elle est mécontente du plan de l’ONU qui lui accorde un Etat non viable, géographiquement fractionné et où les Arabes représentent près de la moitié de la population. Des affrontements communautaires éclatent dès l’annonce du plan de partage. La Haganah (force paramilitaire juive) mène alors une politique de destruction des villages et des villes arabes, forçant environ 750 000 Arabes palestiniens à l’exil (plan Dalet). L’objectif est de réduire drastiquement l’importance de la communauté arabe dans le futur Etat d’Israël. Au moment de la proclamation de l’indépendance d’Israël, le 14 mai 1948, les Etats arabes de la région interviennent dans le conflit (Egypte, Jordanie, Syrie, Irak, Liban).
Bien qu’un embargo sur les armes à destination de la région ait été décidé par l’ONU, l’URSS choisit de livrer des armes à Iraël dans l’idée de s’assurer ainsi d’un allié dans une région sous influence britannique et, de plus en plus, américaine, alors que la Guerre froide vient de commencer : la Première guerre israélo-arabe est contemporaine du Blocus de Berlin. La jeune armée israélienne, au départ surclassée par l’équipement des armées arabes, est rapidement en mesure de repousser ses adversaires. Une série d’armistice vient mettre fin aux hostilités en 1949, et les lignes de front deviennent alors les frontières internationalement reconnues d’Israël (mais pas par tous ses voisins). Cependant, aucune paix n’est signée suite à ces armistices, et l’Etat hébreux demeure en état de guerre avec tous ses voisins.

La Guerre des Six Jours :
Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Nasser (1954), l’Egypte est un allié important du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Mais peu à peu, un divorce s’instaure entre l’Egypte et les puissances occidentales qui voient leurs intérêts dans la région compromis par la politique de Nasser, et ce dernier se rapproche de l’URSS, en particulier après la crise de Suez (1956). Les Etats-Unis prennent alors sous leur protection l’Etat d’Israël et commencent à lui fournir des armes.
Dans les années 60, les tensions s’exaspèrent à nouveau entre la Syrie et l’Egypte d’une part, Israël d’autre part. Peu à peu, Nasser fédère les pays arabes de la région dans une alliance hostile à Israël, qui riposte par une guerre préventive en juin 1967.
En quelques heures, les aviations de l’Egypte, de la Jordanie et de la Syrie sont détruites sur leurs bases par l’aviation israélienne. En moins d’une semaine, l’offensive de Tsahal aboutit à la conquête du Sinaï (péninsule égyptienne à l’est du canal de Suez), de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau syrien du Golan. Ces conquêtes offrent de nombreux avantages à l’Etat hébreux :
 la Cisjordanie et le Golan sont des régions montagneuses qui constituent des forteresses naturelles face à des pays hostiles (Jordanie et Syrie). Le littoral israélien, densément peuplé, est très étroit (moins de 20km de large à son point le plus étroit, entre la Méditerranée et la Cisjordanie). Israël souhaite donc occuper la Cisjordanie et le Golan pour éloigner les armées ennemies d’une partie vulnérable de son territoire. De même, l’occupation du Sinaï permet de rejeter les troupes égyptiennes à près de 200km des frontières sud d’Israël.
 La Cisjordanie et le Golan sont relativement riches en eau (sources du Jourdain, nappes phréatiques), qu’Israël peut dès lors exploiter pour les besoins de son agriculture et de sa population.
En revanche, sur le plan de son image, Israël paie très cher cette rapide victoire puisque c’est lui qui apparaît comme l’aggresseur. Cette image négative est durablement renforcée par la politique de colonisation de Gaza et de la Cisjordanie, qui apparaît à l’opinion publique internationale comme une dépossession des Palestiniens. L’annexion du Golan et l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza ne sont pas reconnues par la communauté internationale.

La guerre du Kippour :
Les tensions entre Israël et l’Egypte n’ont pas cessées après la guerre des Six Jours, se manifestant par des escarmouches, des duels d’artilleries et des raids aériens tout au long de la ligne de front du canal de Suez. Le successeur de Nasser, Sadate, souhaite que l’Egypte prenne sa revanche de la défaite de 1967 et prépare une nouvelle guerre contre Israël avec l’alliance de la Syrie, de la Jordanie et de l’Irak. L’URSS le fournit en armes et en conseillers militaires, tandis que les Etats-Unis, dans le cadre de la Guerre froide, arment Israël. L’offensive, lancée par surprise le jour de la fête juive de Yom Kippour, prend au dépourvu l’armée israélienne, d’abord vaincue, et qui rétablit difficilement la situation, avant de repousser les forces syriennes et d’encercler les troupes égyptiennes sur le canal de Suez. Alors que des tensions surgissent entre les Etats-Unis et l’URSS qui soutiennent leur allié respectif, l’ONU impose un cessez-le-feu.
Pour les Etats arabes, la guerre du Kippour, malgré leur défaite finale, constitue la revanche de leur défaite de 1967 car le mythe de l’invicibilité de Tsahal a été balayé. Les Etats-Unis s’offrent comme intermédiaires pour amener progressivement l’Egypte et Israël à un traité de paix aux termes duquel le Sinaï est rendu à l’Egypte. En échange de ces bons offices américains, l’Egypte abandonne l’alliance soviétique au profit de l’alliance américaine, mais elle paie la normalisation de ses relations avec Israël par l’hostilité de nombreux pays arabes qui accusent Sadate de trahison.